Another Earth

Réalisateur: 


RESUME :

Rhoda Williams, brillante jeune diplômée en astrophysique, rêve d’explorer l’espace. John Burroughs est un compositeur au sommet de sa carrière qui attend un deuxième enfant. Le soir une autre planète semblable à la Terre est découverte, la tragédie les frappe et les vies de ces étrangers deviennent inextricablement liées l’une à l’autre.

(www.allocine.fr)

Un jour, on découvre qu’il y a une autre planète dans notre système solaire. Une autre planète habitable et habitée. Une autre planète qui ressemble énormément à notre terre. Rien que ce pitch donne une furieuse envie de voir Another Earth. Mais ce film va beaucoup plus loin que celui-ci, au niveau humain comme au niveau science-fictif, dès lors il serait dommage de ne le réduire qu’à ça. Parce que c’est avant tout une petite merveille comme j’ai rarement eu l’occasion d’en voir.


Another Earth, c’est aussi une histoire humaine. Une jeune fille, intelligente et promise à un bel avenir, renverse une voiture occupée par une famille. Seul le père s’en sort. Le poids de la culpabilité dévore sa vie et elle se punit elle-même, même après avoir été jugée. Elle abandonne ses études pour devenir femme de ménage. Et un jour, elle tombe sur l’homme dont elle a détruit la vie. Et ne peut s’empêcher d’essayer de faire quelque chose pour lui. Une histoire qui pourrait facilement devenir miévreuse et insupportable mais qui ici est traité avec une tendresse et une humanité déconcertantes et touchantes.

Mais, surtout, Another Earth, c’est la conjonction d’un drame personnel et d’un bouleversement planétaire, tous deux poignants, tous deux menés discrètement et délicatement. Le prétexte science-fictif n’est d’ailleurs pas qu’un prétexte. Il y a dans ce film un sacré vertige digne des meilleurs histoires de science-fiction que j’ai pu lire. Le réalisateur (et scénariste - ou plutôt co-scénariste avec l’actrice principale de ce film) ne s’est d’ailleurs pas uniquement reposé sur ces idées incroyables et a exploité son sujet à « fond », tout en réussissant à laisser une grande part au mystère et à l’imagination. Équilibre difficile à atteindre, qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais que j’ai vraiment apprécié.

Parce que c’est ce côté énigmatique qui nous livre assez d’éléments pour emballer notre imagination mais qui laisse cependant la part belle à celle-ci qui m’a le plus plu. Le film est construit, cohérent, complet, pourtant il ne révèle pas tous ses secrets d’emblée, et nous laisse choisir l’explication qui nous convient le mieux. Une telle liberté si bien cadrée est rare, et donc d’autant plus appréciable.


Je voudrais aussi mettre en avant un aspect de la mise en scène qui m’a particulièrement parlé. Mike Cahill a un regard d’une douceur incroyable. Il sait insister sur des détails qui créent une ambiance, porter attention à des éléments qui pourraient sembler anecdotiques mais qui font naître une atmosphère particulière. Le film balance entre passages plus froids, où l’image se fait nue, bleue, crue, à tel point qu’ils donnent parfois la chair de poule, et passages plus chauds, où le soleil prend une place importante et éclaire les fibres, les poussières et les matières brutes, nous donnant presque la sensation de pouvoir les toucher.

A tout cela, il faut rajouter deux acteurs sobres et parfaits, qui nous perdent dans leur détresse et nous font vivre leurs petits moments d’espoir. On les accompagne réellement et l’on ressent leur histoire intensément. Pas de fausses notes, pas de pathos excessif, juste deux êtres perdus. Qui nous émeuvent.

Au final, Another Earth est un film, lent et doux, intense et vertigineux, une œuvre en état de grâce que j’ai vécue intensément et que je ne risque pas d’oublier de sitôt. A découvrir absolument.

Another Earth

Réalisation : Mike Cahill

Avec : William Mapother, Brit Marling, Matthew-Lee Erlbach

Sorti en France le 12 octobre, pas de sortie prévue en Belgique pour l’instant

Durée : 92 minutes

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