Angoulême 2007, épisode 3

Tristoon est un petit gars de l’école des Beaux-Arts d’Angoulême. Féru de bandes dessinées et de science-fiction. Au tournant du 21ème siècle, il se lance dans l’aventure du dessin, avec toute une bande de potes. C’est alors qu’apparaît le « Choco Creed », recueil annuel de bds jeunesse. Nous sommes en 2002, le 29ème festival de la bd d’Angoulême bat son plein. 5 ans plus tard, nous rencontrons ce solide gaillard angoumoisin, chez lui. Pas moins de deux expos sur le dernier festival d’Angoulême, déjà deux bds jeunesse de publiées chez Paquet et bien plus encore. Mais je ne vous en dis pas plus. A lui la parole !














Bonjour Tristoon. Nous allons d’abord parler de ton parcours. Tu es Parisien, si je ne me trompe ?

Tristoon : Bonjour. Déjà pour commencer, disons que je viens d’une famille artistique, père réalisateur plasticien, grands-parents photographes et peintres... ce qui m’a mis dans le bain dès mon plus jeune âge. Ma première planche date de mes 10 ans environ... A part ça, j’ai vécu à Paris pendant 20 ans, puis c’est l’expatriation à Angoulême...

Pourquoi ce départ ?

T : Devine ? L’école de Bd d’Angoulême bien sûr. J’en rêvais depuis longtemps, mais je n’aurais jamais imaginé pouvoir y entrer et encore moins vivre de mon dessin.












Peux-tu nous en dire plus sur tes ambitions passées et comment tu es arrivé à ce statut d’auteur bd professionnel ?

T : Et bien, j’ai dessiné des heures durant, dans ma petite chambre. J’ai participé à des fanzines de collégiens... et puis de fil en aiguille, en préparant mon book, j’ai commencé à avoir l’ambition de développer mes histoires avec mes personnages. On peut dire que les Beaux-Arts d’Angoulême m’ont permis de m’y mettre à fond et de passer du rêve de gosse à la réalité de la création.

Une fois aux "Zarbo", comme on dit, tout s’est accéléré. Dans ma promo, on était très motivé et la rencontre de mes camarades a été, je l’avoue prépondérante. On a commencé par faire des fanzines, en photocopie noire et blanc, puis avec une couverture en sérigraphie, puis dans un nombre d’exemplaires toujours plus grand. Plusieurs collectifs pleins de jeunes talents ont vu le jour à cette époque : "Lapis Lazuli", "Le Mutant", "La maison qui pue" et "Café Creed" bien sûr.

Avec trois de mes meilleurs comparses, j’ai créé l’association "Café Creed", dont les buts étaient tout simplement de promouvoir notre travail avec des publications et des expositions, notamment pendant le Festival d’Angoulême.




En parallèle des Beaux-Arts, que j’ai côtoyé cinq années durant, j’ai élaboré divers projets éditoriaux. Toujours des collectifs, avec un projet majeur : la revue jeunesse "Choco Creed". Ce collectif tout en couleur, distribué dans toutes les librairies, nous a permis de nous faire connaître du public amateur de bd et d’illustration de la "nouvelle vague" bd, les professionnels n’étaient pas loin non plus.

Comme tu abordes la revue "Choco Creed", j’ai noté que votre premier tome avait pour thème la SF. Pourquoi ce choix pour le lancement ?

T : L’équipe rédactionnelle avait l’idée de faire une revue ludique et fantaisie, où chaque auteur pouvait s’adresser aux enfants de tout âge et sans restriction d’imagination, si ce n’est la correction d’usage pour un tel public. Chacun son univers et une carte blanche sur une centaine de pages. Le thème de la science-fiction, qui m’est particulièrement cher, s’est imposé logiquement, comme étant l’impulsion ou plutôt la propulsion dont nous avions besoin pour mettre ce projet sur orbite.

C’est une thématique, certes connotée, mais qui a toujours fasciné les auteurs du 9e art. Elle offre la possibilité de laisser libre cours à son imaginaire. Et je dois l’avouer c’est un de mes thèmes de prédilection... D’ailleurs en parallèle, avec deux comparses, Jérôme Lôthelier et Tib-Gordon, j’ai monté un projet plus personnel : la série "Little Big Bang", aux éditions Paquet.






J’ai noté ça, nous allons y venir un peu plus tard. Mais comme tu es amateur de SF, je saute sur l’occasion ! Tu es plutôt littérature, film ou bd ? As-tu tes références ?

T : Ce projet S-F, reprend justement de nombreuses références, romans, bds, films, jeux vidéo dont nous sommes friands. Nos influences allant de Star Wars à Dune, en passant par Métal hurlant ou Jules Vernes... Autant de classiques et de références bien trop vastes pour en faire une liste précise. C’est parfois des anecdotes, des clins d’œil, toujours avec un décalage et du second degré. L’idée, c’est avant tout de créer un univers cohérent, dans lequel les références ne seraient pas perçues comme un simple ressassé, mais plutôt comme un hommage ou une façon décontractée de jouer avec certains poncifs du genre.

Dans cette bd, effectivement 100% SF, il y a aussi quelques thèmes abordés, tels que la pollution ou le recyclage des déchets.

T : Oui, je suis un écologiste convaincu et l’idée que les problématiques des personnages soient une extrapolation de nos propres déboires actuels et futurs nous amusait. Finalement, la bd comme la littérature et le cinéma, sont des médiums parfaitement adaptés à la farce et à la dérision sur les caractères et les problématiques typiquement humains...

Ta remarque me permet de rebondir sur un dialogue que j’ai retenu dans le numéro 6 de « Choco Creed ». "Au lieu de chercher à savoir d’où vient le monde, tu devrais plutôt comprendre comment il fonctionne" explique un personnage à un autre. Y’a-t-il l’envie de faire passer un message ?






T : C’est un bon adage, le tout étant de présenter les choses avec relativisme et humour. La formule du « Choco Creed », répond en partie à ce principe. Les thèmes génériques, abordés chaque année, sont développés par les auteurs selon des points de vue différents et cela donne une sorte d’idée kaléidoscopique de la thématique.

Oui, il est clair qu’entre la bataille des dieux incapables de s’entendre sur la création du monde et le brushing des mammouths, chacun y donne sa vision !

T : Pour différentes raisons, notre génération n’a pas envie de se prendre la tête sur des problèmes dont les tenants et les aboutissements dépendent des croyances dominantes. Notre philosophie, à mon humble avis, est plutôt d’offrir du divertissement et si les quelques idées en filigramme peuvent éveiller les consciences, tant mieux.

Quel travail représente la sortie d’un numéro ?

T : Pour ce qui est du travail, le plus ardu est de récolter les travaux des auteurs qui, je le rappèle au passage, sont tous bénévoles. Ensuite il faut faire la maquette, ce qui n’a rien de très compliqué. Une fois le finalisation de l’ouvrage effectuée, on passe le relais à l’imprimeur et ensuite, il n’y a plus qu’à le vendre, aux festivals.

Toi, tu n’es pas bénévole par contre. Tu nous as dit vivre de ton dessin ?

T : Je suis président de l’association, donc obligatoirement bénévole, par contre, heureusement, je travaille pour des magazines (presse jeunesse principalement) et je fais des images pour des boulots de com. et enfin de la bd. Quand je dis que je vis de mon dessin, c’est vrai, mais c’est tout à fait substantiel, rien de mirobolant je dois l’avouer.

Et oui ! Vivre de sa passion n’est pas un long fleuve tranquille, mais les compensations en valent la peine !

Dans quelles publications presse pouvons-nous te trouver, entre autres ?

T : Et bien, je travail pour "Mobiclic" ou encore "Manga Kid+", ce sont, avant tout, des travaux de commande qui n’ont pas l’envergure des mes travaux d’auteur. Le travail d’auteur-dessinateur passe aussi par-là. Et comme dit le proverbe : "Il est toujours bon d’avoir plusieurs cordes à son arc"...

Tout à fait ! Passons à ce fameux DVD qui était visionnable lors du festival d’Angoulême. Aurais-tu l’envie de te tourner vers l’animation ?

T : Notre association n’a pas que la vocation de représenter les auteurs de bd. L’animation et plus spécifiquement les films courts d’animation sont une des facettes les plus récentes de notre activité éditoriale. Une occasion de faire connaître de nombreux petits chefs-d’œuvre et de compiler des films de fin d’étude, qui, sans cela, auraient certainement disparus dans l’oubli.

Certaines vidéos du DVD sont-elles visibles sur le web ?

T : Oui, presque toutes, mais sur de nombreux sites individuels, comme celui-ci http://www.sabinehitier.com/petitapetit/






Parle-nous de ce studio qui va ouvrir ses portes en avril prochain ?

T : Encore quelques couches de peintures et des déménagements ! Plein de main d’œuvre super volontaire.

Et qui aura pour but ?

T : C’est un lieu de création, comme on en trouve dans de nombreuses villes, où les auteurs se retrouvent pour exercer leur profession.

Tristoon, merci pour cet entretien. Tu as d’autres précisions à nous donner, peut-être ?

T : Et bien, non. Tout est dit ! Merci, en tout cas, c’était très agréable.

Lien vers le site de Tristoon : ici

Lien vers les numéros de « Choco Creed » : ici

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