American Gangster

Réalisateur: 

The King of New York


De l’ombre à la lumière
Après avoir passé 20 ans dans l’ombre du Parrain noir de Harlem, Ellsworth "Bumpy" Johnson, qui en avait fait son fidèle garde du corps et confident, Frank Lucas prend discrètement sa succession à la tête de l’organisation lorsque son patron meurt subitement d’une crise cardiaque en 1968. Il ne tarde pas à faire preuve d’un sens aigu des affaires en mettant au point un trafic de drogue extrêmement lucratif. Après s’être tout d’abord rendu en Asie du Sud-Est où il a trouvé des contacts susceptibles de lui fournir la meilleure héroïne du marché, il conclut un accord avec des officiers américains stationnés au Vietnam pour organiser un véritable pont aérien et importer par avions entiers des centaines de kilos d’héroïne pure, dissimulés dans les doubles fonds des cercueils des GI’s morts au combat qui sont rapatriés aux USA. Entouré de ses frères et de ses cousins, tout en gardant toujours un profil bas, Lucas parvint ainsi à bâtir en l’espace de quelques années un véritable Empire occulte, en vendant à bas prix cette héroïne 100 % pure, sous le nom de "Blue Magic", aux milliers de drogués de la ville.

Un homme d’exception
Tandis que Frank Lucas amasse tranquillement et en toute discrétion une fortune colossale, Ritchie Roberts, inspecteur de police du Comté d’Essex, enquête patiemment sur l’origine ainsi que le fonctionnement de ce marché parallèle d’un genre inédit et finit par soupçonner l’insaisissable Lucas. Alors que la corruption avait atteint presque tous les membres de la Narcotics Special Investigation Unit, Roberts est un flic intègre totalement investi dans sa mission mais bien incapable de gérer sa vie privée et ses appétits sexuels. Son honnêteté sans faille lui valut même d’être très vite tenu à l’écart et haï de ses collègues pour avoir directement rapporté au commissariat 1 M$ saisi lors d’une perquisition sans même en avoir prélevé au passage le moindre cent pour lui. Une étrange partie de cache-cache commence alors entre Lucas et Roberts, ces deux solitaires perfectionnistes dont les destins seront bientôt inextricablement liés car, aussi bizarre que cela puisse paraître, après avoir fait tomber Lucas en tant que policier, Roberts l’a défendu par la suite, en tant qu’avocat.


Des hommes d’honneur
Dans American Gangster Ridley Scott nous montre les trajectoires symétriques de ces deux hommes hors du commun. On assiste ainsi à toutes les étapes de l’ascension et de la chute de Frank Lucas, personnage complexe issu du Sud profond qui, après avoir vécu une enfance misérable, avait quitté sa petite bourgade de Caroline du Nord et débarqué à New York en 1946. Après avoir pris la succession de son patron en 68, il prit pour modèle les méthodes du monde des affaires et de la finance pour organiser un trafic de drogue à grande échelle mettant ainsi à mal l’hégémonie de la Mafia italienne. Toujours tiré à quatre épingles, tout à la fois mari modèle et homme respectueux de ses aînés, ce chef de famille impitoyable mais loyal, devenu une véritable figure charismatique de la communauté noire, ne ressemblait en rien à l’image qu’on pouvait se faire d’un caïd de la drogue. Parallèlement, on voit de quelle façon Ritchie Roberts, ce policier intègre qui est l’exact opposé de Lucas, a joué un rôle déterminant dans la chute de ce dernier.
Ridley Scott explore ici méticuleusement leurs deux univers avant de les rapprocher graduellement avec un savant montage parallèle. Pour passer au crible l’univers du banditisme et de la police de l’époque, il opte pour une approche réaliste, frontale et sans compromis. Il n’hésite pas à nous montrer les manières de procéder peu orthodoxes des forces de l’ordre à une époque où les méthodes musclées étaient monnaie courante (intimidation, passages à tabac, tirs sans sommation, etc). Il nous montre les faits tel un documentariste, sans porter le moindre jugement de valeur sur les actes commis par les uns ou les autres. American Gangster est tout à la fois un film d’action très efficace et une sorte de fresque historique qui s’attache surtout à la personnalité complexe des deux principaux protagonistes ce qui fait, du coup, que les seconds rôles passent malheureusement un peu à la trappe. On regrettera également qu’il n’y ait pas plus de séquences dans lesquelles Denzel Washnington et Russell Crowe s’affrontent, face à face : c’est dommage, compte tenu de l’excellence de leurs prestations individuelles.


American Gangster
Réalisation : Ridley Scott
Avec : Denzel Washinghton, Russell Crowe, Chiwetel Ejiofor, Cuba Gooding Jr., Josh Brolin, Ted Levine, Armand Assante, John Hawkes, RZA, Lymari Nadal, Yul Vazquez, Ruby Dee, Idris Elba, Carla Gugino, Joe Morton.
Sortie le 14 novembre 2007
Durée : 2 h 37

Sections: 
Type: