Ainsi naissent les étoiles

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Yé-Zu est un ronin, un seigneur de la guerre déchu de son rang, de son titre et de ses terres. En compagnie de sa épouse Maï-Li, une jeune femme elle aussi issue de la noblesse chinoise, versée dans l’art de la médecine orientale et de ses secrets, le voilà condamné à fuir, à quitter le pays qui l’a vu naître s’il ne veut pas être pourchassé sans relâche par les armées de l’Empereur. Ils quittent donc la Chine par la grande Muraille, s’enfoncent dans l’inconnu, d’abord par la Mongolie et le désert de Gobi, pour un improbable voyage jusqu’au Liban puis Jerusalem, but ultime de leur voyage. En chemin, ils croiseront beaucoup de personnes ; certaines deviendront des compagnons de route, avec toujours cette volonté de distribuer le bien autour d’eux et de soigner les indigents. Ils découvriront Jérusalem en proie aux turpitudes, à la colère et à l’inhumanité, avec cette volonté de tout changer. Un bouleversement dans leur existence et dans celle de leurs semblables, pour faire naître une légende que l’on pense tous connaître, mais qui n’est pas forcément la bonne…

De ces croyances justement, l’auteure, Laurence Orsini, tire une jolie fable, contemplative, d’une grande douceur, à milles lieues d’une littérature noire et sans compromis trop souvent mise en avant. Si dès le départ, les références s’imposent d’elles-mêmes, par des noms habilement détournés (Yé-Zu, Maï-Li, les noces de Ghana, le prince Bâal-Tha-Zaar, Ioannes par exemple) ou réels (Hérode, Ponce Pilate, les Amazones), Laurence Orsini réécrit l’histoire biblique en la faisant correspondre à son couple de personnages éperdument amoureux l’un de l’autre. Elle construit ainsi une histoire solide, que l’on suit en emboitant les pas de Yé-Zu. Nous sommes ainsi les témoins de sa transformation de guerrier en bienfaiteur, jusqu’à ce qu’une forme d’orgueil vienne jeter de l’ombre sur sa félicité.

J’ai dit à l’auteur que ses origines transcendaient son récit. J’en suis intimement convaincu. Elle y impose sa poésie colorée et musicale, à l’instar d’un Tran Anh Hung avec l’odeur de la papaye verte, ou d’un Wong Kar Wai, qui connaissent cette économie de superlatifs pour construire leur oeuvre. J’avoue, en particulier dans la toute première partie, m’être surpris à guetter la petite musique de Shigeru Umebayashi, celle qui sert de décor sonore à In the Mood for Love justement, ou Le secret des poignards volants.

Bravo donc à Laurence Orsini pour avoir oser construire une oeuvre ambitieuse avec ce « ainsi naissent les légendes », un roman qui mériterait à coup sûr qu’un éditeur s’y intéresse de plus près.

 

Ainsi naissent les étoiles - autoédition, Laurence Orsini, dessin de Elea Orsini.

Type: