Afterland
Plus de 99% des hommes sont morts.
Trois ans après la pandémie connue sous le nom de « The Manfall » (la chute des hommes), les gouvernements tiennent bon et la vie continue - mais le monde d'après, dirigé par des femmes, n'est pas forcément meilleur que celui d'avant.
Miles, 12 ans, est un des rares garçons à avoir survécu. Et sa mère, Cole, le protégera à tout prix. Elle ne veut qu'une chose : élever son enfant dans un endroit où il ne sera pas une réserve de sperme, un esclave sexuel ou un fils de substitution. Traquée par Billie, son implacable soeur, Cole n'aura pas d'autre choix que de travestir son fils et de prendre la route.
Voilà un roman qui laisse une étrange impression après la lecture, tant par l'idée de départ que par le traitement qui en est fait.
Le choix d'aller à contre-courant des romans dans la veine de La servante écarlate, en campant cette fois l'asservissement et la traque des éléments masculins est à la fois osé et très intéressant. Une fois investies de tous les pouvoirs et de toutes les responsabilités, les femmes peuvent en effet se révéler aussi impitoyables que les hommes avant elles. Le même égoïsme, le même opportunisme, la même façon de voir le monde selon le prisme qui les arrange.
Cette société nouvelle est plutôt bien traitée par Lauren Beukes, elle illustre par petites touches tous les changements induits par la disparition des hommes et joue avec nos automatismes inconscients en faisant apparaître des "elle" et des féminins là où on n'est pas habitués à en voir. Ce jeu sur le genre est également présent dans le choix des noms des personnages : Nicole, la mère, est surnommée Cole, un prénom normalement masculin. Billie, la tante porte également un surnom à consonnance masculine.
Toute la première partie du roman est menée tambour battant et on découvre peu à peu les méandres de ce monde post-apo, qui tente tant bien que mal de continuer à tourner, en attendant une hypothétique découverte permettant le retour des hommes sur Terre.
Hélas, à partir de la seconde partie, ça se gâte. Lauren Beukes tourne en rond, lance des pistes qui ne seront jamais exploitées et s'appesantit avec lourdeur sur une espèce de secte religieuse dans laquelle Miles et Cole se cachent. Le récit se traîne, perd toute les qualités du début. Exit la réflexion sur le post-apo, la pointe de science-fiction, l'exploration philosophique des conséquences d'un monde sans les hommes, les considérations sur la maternité et l'amour sororal. Ne reste plus qu'un thriller mou sans grande surprise, trop consensuel pour vraiment accrocher, où le personnage de Billie devient carrément ridiculement caricatural.
Dommage.
Afterland de Lauren Beukes, Albin Michel Imaginaire, ISBN 978-2226461612, 23,90 €