ANTHOLOGIE : Dimension préhistoire

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Les relations entre la Préhistoire et l’Imaginaire sont variées : soit un homme préhistorique se retrouve dans son futur, soit un homme moderne se rend dans la Préhistoire. Le récit peut aussi se dérouler tout simplement à cette époque reculée et en décrire les événements quotidiens. C’est la voie que suivra le plus illustre des écrivains du genre, Rosny Aîné, celle que Marc Guillaumie, auteur de l’intéressante postface, nomme joliment « le merveilleux anthropologique ». De tous temps, la préhistoire attirera les professionnels de l’Imaginaire, de Kipling à Burroughs jusqu’à Carsac ou Pelot.

L’anthologie que voici reprend quatorze nouvelles, de taille, thématique et invention diverses. Elle démarre en trombe avec deux excellents instantanés de Pierre Gévart, Les amants de la houillère et Le troupeau. Suit une étonnante description de Paris à l’âge de la pierre taillée, écrite par Elie Berthet en… 1876, seule inclusion d’un « ancien » des littératures de l’imaginaire.

Parmi les perles du recueil, je citerai sans hésiter Pour que s’anime le ciel factice du Québécois Frederick Durant. Tharn est peintre sur paroi de grottes : est-il possible que ses fresques influencent le résultat de la chasse de sa tribu ou les événements climatiques ?

La puissance des images est également au centre de Au temps des aurochs de Jess Kaan : les lignes que dessinent la jeune Ojs ouvrent les portes des mondes et des esprits.

Autre vision, celle qui s’imposera à Thomas lorsqu’il découvre un crâne en cristal dans sa propriété : il revivra la mythique apparition de la fameuse Vénus préhistorique, dont la figure grotesque orne tous les manuels de préhistoire (La mémoire ensevelie d’Ariane Gélinas).

Sans vrais motifs SF, mais très évocateurs sont les deux récits de Jean-Louis Trudel et Antoine Lencou. Le premier conte, dans L’homme qui fit couler une mer, la fuite éperdue d’un homme poursuivi par la tribu de la femme qu’il a ravie et l’intervention fantastique de l’« oiseau-tonnerre » qui le sauvera. Quant au second, D’un versant à l’autre, il nous relate, entre autres, la fabuleuse histoire d’Ötzi, cinq millénaires avant sa redécouverte en 1996 dans les glaciers des Dolomites.

Les deux derniers textes sont plus ouvertement SF. Orson Scott Card recrée des Néanderthaliens. Cette nouvelle, Guéris-toi toi-même, avait déjà fait l’objet d’une publication dans Galaxies HS n°6. Le talent du célèbre auteur s’y révèle tout entier, y compris une religiosité un peu pesante. Enfin, Chute libre, sans temps imposé, de Jean-Michel Calvez, s’inspire du prodigieux saut effectué à 39 000 mètres de hauteur par Felix Baumgartner, le 14 octobre 2012. Mais sauter dans l’espace n’est-il pas aussi sauter dans le temps ? L’ironie cruelle de ce texte clôt brillamment le recueil.

Dimension Préhistoire, anthologie présentée par Meddy Ligner, Black Coat Press, coll. Rivière blanche, Encino, 2013, illustré par Hank Mayo, 249 p., 20 euros

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