Bouclier du temps, La patrouille du temps T4 (Le)

Auteur / Scénariste: 
Traducteur: 


Ce volume, le quatrième de la série, conclut le cycle de la Patrouille du Temps à travers deux dernières aventures de Manse Everard, séparées par la première action en solo de Wanda Tamberly, déjà apparue dans le volume précédent. Action qui consiste en la mise hors d’état de nuire des derniers Exaltationistes dans Les Femmes et les chevaux, un intermède préhistorique en Béringie (le nom désigne l’isthme aujourd’hui disparu et remplacé par un détroit qui liait l’Asie à l’Amérique au temps des premières migrations qui ont amené l’homme sur ce dernier continent), et un nouveau chaos temporel surgi de nulle part dans Stupor mundi que devront résoudre nos deux héros.

Il va de soi que ce volume ne saurait être lu par ceux qui n’ont pas lu les volumes précédents de La Patrouille du Temps, qui ne savent pas que celle-ci vise à protéger l’Histoire que nous connaissons contre toute interférence et modification afin d’aboutir à l’apparition des Daneeliens qui succèderont à l’Homme dans un million d’années… et je ne rappellerai pas les aventures qui ont fait découvrir à Manse Everard les règles de sa fonction. Dans ce volume, après avoir conclu une aventure entamée dans les précédents volumes, il se transforme en instructeur pour cette nouvelle recrue qu’il a faite dans La Rançon du temps, Wanda Tamberly.

On peut aisément trouver des incohérences assez graves dans le thème général, l’idée de cette Histoire à préserver, parce qu’elle serait la seule susceptible d’arriver à l’apparition des Daneeliens et surtout les épisodes, plus le dernier, font apparaître à quel point l’organisation même de la Patrouille, la localisation temporelle de ses postes de commande, sont absurdes dans l’hypothèse des modifications envisagées. Il est vrai qu’un QG situé le plus loin possible dans la préhistoire serait protégé contre les conséquences d’une modification mais serait alors la cible numéro un de tout ennemi...

Ceci étant le but de Poul Anderson n’est pas de discuter sur la possibilité et les conséquences du voyage dans le temps : son but est de présenter au lecteur des mondes aujourd’hui disparus, des façons de penser et de vivre différentes que l’historien Poul Anderson a pu étudier. Sur ce plan, la réussite me paraît certaine. Et quand il s’attaque, comme dans Béringie, à une période sur laquelle nous ne savons rien, il sait quand même créer un passé possible et crédible. Pour le lecteur qui veut aller au delà de la seule aventure des héros, les évocations de périodes mal connues donnent envie d’en apprendre plus sur elles-ci. Sur la Bactriane, royaume antique, sur le royaume normand de Sicile, comme sur d’autres périodes évoquées dans les volumes précédents, j’ai appris des choses et j’ai envie d’en savoir plus ; vous aussi apprendrez et désirerez sans doute étendre vos connaissances à l’aide de livres d’Histoire. L’historien Poul Anderson aura bien rempli sa tache d’éveilleur de curiosités.

C’est Poul Anderson, dans un roman séparé de ce cycle, qui a été le premier à me présenter l’hypothèse aujourd’hui considérée comme la plus probable source du mythe de l’Atlantide. Il ne faut donc jamais oublier que le travail sur l’Histoire est la base de ses œuvres et de ce cycle en particulier. Et on peut aisément lui pardonner l’expression de certaines hypothèses philosophiques qui sous-tendent une position politique qu’on ne partage pas. Même si ces positions peuvent imposer l’attitude des personnages, elles n’interfèrent pas avec la description du cadre, de la société passée décrite. Poul Anderson est un historien, pas un idéologue : il fait passer la reconstitution fidèle du passé évoqué avant toute tentative de fabrication d’un passé qui serait conforme à une idéologie.

Le cycle de a Patrouille du Temps reste donc une promenade à travers l’Histoire absolument passionnante.

Le Bouclier du temps par Poul Anderson (La patrouille du temps IV), traduit par Jean-Daniel Brèque, Livre de Poche SF N° 32625, 2012, avant-propos de J-D Brèque, postface de Xavier Mauméjean, 595p, 8,10€, ISBN 978-2-253-15986-5

Type: