Salicande, Les éveilleurs T1

Des jumeaux, Jad et Claris, vivent les derniers beaux moments d’une civilisation récente qui implose.

Ils sont dotés de pouvoirs surnaturels, ce qui est un peu gênant puisque la société précédente avait justement péri suite à des incidents concernant l’abus du virtuel, de la technologie et du surnaturel.

Ils vont découvrir les deux facettes de la vérité, celle qui magnifie et l’autre qui montre les aspects plus négatifs. Ils vont “apprendre à se mentir pour mieux s’aimer” (citation du livre), car leurs pouvoirs les rapprochent mais aussi les font souffrir : lui veut encore penser à leur mère disparue et elle souhaite en effacer jusqu’au plus petit souvenir.

Quelques extraits :

“Elle pensait trop. Elle ne pouvait s’empêcher. Elle pensait. A propos de tout, tout le temps”.

“Les humains dépensent inutilement leur énergie à essayer de maîtriser leur émotion au lieu de se laisser porter et ensuite pour compenser leurs sens déficients, ils s’entortillent dans leur tête pour rien”.

Ce livre n’a pas encore eu son pareil dans ma lecture depuis presque 4 ans. Dès la page 32, on sent comme un souffle. Et même si ce n’est pas un livre d’action, mais plus un récit d’initiations, on se laisse porter par l’émotion simple de ce début d’adolescence un peu insouciante qui découvre que le monde ne se limite pas à son cercle restreint. Que bonheur et malheur peuvent aussi jaillir du même acte.

Il y a une tendresse dans les descriptions très fines des deux personnages. Il y a de la créativité sur le vocabulaire avec des “piqueciel”, des “dulcepiel” et des “chococaf”. Parfois on sent un peu le Brésil qui affleure avec quelques formulations françaises calquées sur des structures “da lingua portuguesa do Brasil” (mais ça seuls ceux qui parlent cette langue peuvent le percevoir !).

En résumé, c’est un peu de Brésil en fantasy française : une apparence de douceur, de légèreté mais quand on dépasse la couche superficielle, la réalité n’est plus aussi idéale, même si elle vaut le détour. C’est aussi un hymne à la nature, même si l’écologie dans les romans de l’Imaginaire n’a plus rien d’original, déjà en français depuis “Ravages” de Barjavel.

On savoure en particulier les nombreuses références fort actuelles à “Eragon”, “Star Wars”, “Harry Potter” qui baignent les lectures des jeunes héros du livre et nous les fait paraître plus comme des copains d’aujourd’hui que des ados de demain.

A tout avouer, je suis toujours perplexe quand on annonce un livre hors norme mais ici, c’est authentiquement une autre façon d’entrer dans une fantasy sans compromis mais avec encore les couleurs de l’enfance.

Fantasy ou science-fiction d’anticipation ? Un peu des deux dans l’idée que pouvoirs, magie se mêlent aussi à un futur proche qui a du évoluer pour ne pas mourir.

Ce premier volume - et premier roman en français d’une jeune auteure franco-brésilienne -, qui nous présente son monde imaginaire est fort prometteur !

Une petite perle de fin d’année !

Salicande, les éveilleurs tome 1 par Pauline Alphen, illustration de Stephane COLLIGNON, Hachette Jeunesse