2097, mémoires de mon père

Comme le titre l'annonce, il s'agit d'une anticipation, d'une utopie dans laquelle un homme qui s'est sacrifié pour mettre fin à un état du monde abominable raconte comment il en est arrivé là, après avoir alternativement connu l'esclavage et l'état de cobaye, la vie des plus riches, un état intermédiaire et enfin la révolte. Il raconte, dans la dernière journée qui lui reste, les épisodes de cette vie presque invraisemblable (comme le serait n'importe quelle vie réelle, non ?) et livre quelques images d'un siècle de décadence, de disparition de toute équité ou démocratie. Comme l'indique la préface dans laquelle le fils auquel était adressé ce témoignage présente l'histoire à sa propre fille, le sacrifice du narrateur a, essentiellement, remis le monde en état d'essayer de repartir, mais ce nouveau départ n'est pas assuré.

Bien sûr, ce roman a un but d'avertissement et de démonstration ; cela rend sa structure – qui veut présenter plusieurs aspects du monde dystopique qui précède cette remise à zéro – un peu artificielle. Et on sent qu'il s'agit d'un premier roman dont l'auteur veut convaincre. Mais il est assez bien écrit, les coquilles restent en quantité raisonnable (le plus souvent ce sont des confusions entre imparfait et passé simple, qui peuvent être dues à des corrections automatiques mal venues par le traitement de texte) et la langue, simple, reste malgré tout soignée et compréhensible, sans abus d'adverbes ou de termes pseudo-littéraires.

Donc un assez bon livre pour découvrir les anticipations possibles, accessible à un lecteur jeune ou débutant dans la littérature d'anticipation, sans défaut grave. Et qui se prête malgré tout à la lecture, même avec une suspension d'incrédulité limitée et un sens critique toujours actif, par un lecteur plus « chevronné » ou plus âgé.

2097, mémoires de mon père par Jérôme Bezançon, Éditions Les mondes d'Atria, science-fiction. 2014, 221 p., couverture de Richard Lotteg, 18 €, ISBN 978-2-918078-51-7