1793

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1793. Alors qu'en France, l'ouragan révolutionnaire a semé la terreur dans les palais dorés, à Stockholm ce n'est pas une brise, ni même un courant d'air, qui traverse les taudis rongés de vermine et les maisons closes où agonise la misère la plus crasse...À la surface du lac Fatburen, une charogne flotte. Un corps mutilé signe d'une lente et terrible torture. Mais qui s'en soucie ? Deux justes : Cardell, le vétéran manchot, et Winge, le juriste tuberculeux, déterminés à rendre la justice. Ils ne seront pas trop de deux pour élucider ce meurtre abominable qui indiffère les autorités et le commun des mortels, mais qui leur est insupportable – l'honneur des oubliés...

 Il faut s'accrocher pour venir à bout de ce polar historique, pour des raisons positives et négatives.Commençons par les positives. Portée par une écriture très distanciée, froide et crue, l'intrigue se déroule sur quatre parties qui semblent complètement étrangères les unes aux autres, mais qui finissent par se retrouver pour un final grinçant. On patauge dans tout ce que l'humanité peut produire d'horreur, certaines scènes sont vraiment terribles. L'auteur nous plonge dans la réalité sans fard d'une époque où l'homme du peuple n'était rien, où chacun cherchait à survivre au mieux, où l'emprise de la religion et de la noblesse étouffait toute possibilité de vie décente. Assez semblable aux autres capitales, Stockholm est un cloaque nauséabond gangrené par la corruption, la misère, le sadisme d'une aristocratie blasée, la violence faite aux femmes... On est à mille lieues de l'imagerie romantique des fastes royaux où de lumineuses jeunes femmes badinent avec des messieurs courtois. La fange et le désespoir collent à la semelle des passants et personne ne s'intéresse à la justice ou la vérité, hormis Winge et Cardell. Cette noirceur générale hante les pages et insuffle un climat délétère presque palpable. Là où tout se complique, c'est dans l'aspect historique pur. En effet, il est régulièrement fait allusion à des évènements de l'histoire suédoise que le lecteur français lambda a peu de chances de connaître et de maîtriser. L'absence totale de notes de bas de pages fait qu'on est obligé d'interrompre la lecture pour aller chercher les réponses. C'est vraiment dommage. De plus, certaines façons de parler déconcertent (des personnages qui s'adressent à d'autres à la troisième personne), elles correspondent sans doute à des usages de la langue suédoise, mais auraient gagné à être explicitées par une petite note. Malgré tout, 1793 reste un roman passionnant, qui laisse comme un goût de vomi âcre dans la gorge, une sensation de dégoût face à cette période abominable. Il faut une sacrée force narrative pour en arriver là !Une suite est sortie, 1794, que je compte bien lire. 1793 de Niklas Natt och Dag, Pocket, ISBN 978-2266288095, prix 8,40 € 

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