10 séries à voir avant de mourir (1)

Jusqu’ici, 9 arts sont comptabilisés (le plus récemment entré dans la liste étant la BD). Je militerais bien pour que le 10ème art soit la série TV. Bien sûr, il y a déjà le cinéma, le 7ème art, et une série, ça n’est jamais qu’un film découpé en morceaux, non ? Pas du tout ! Avec les saisons qui se succèdent, une série peut durer 20 à 50 fois plus longtemps qu’un film ; les possibilités narratives ne sont plus les mêmes, la façon de raconter l’histoire change complètement. La série, c’est le 10ème art ! Et en voici 10 à ne pas louper. L’ordre dans lequel elles apparaissent n’est pas un classement, pour moi il n’y a pas de hiérarchie.

Petite parenthèse, les goûts et les couleurs ne se discutant pas, vous trouverez sans doute que telle série que vous avez adorée méritait bien davantage de figurer dans ce palmarès que telle autre que j’ai sélectionnée. Sachez que moi-même, j’ai renoncé à y faire figurer des séries que j’ai beaucoup aimées. Il n’y a que 10 places. Et des tas de raisons pour ne pas figurer dans les 10 : séries prometteuses mais ne comportant pas assez de saisons pour être jugées (The Americans, Orange is the New Black, House of Cards, Banshee, Vikings) ; séries qui, au contraire, se sont usées au fil du temps en durant trop (Urgences, Dr House, Desperate Housewives) ; séries qui ont démarré sur les chapeaux de roue avant de tourner en jus de boudin (Lost, Prison Break) ; séries traitreusement abattues en plein vol (Flashforward, Detroit 1-8-7) ; séries tirant un peu trop sur la même ficelle (Californication, The Walking Dead, True Blood) ; bonnes séries mais qui finissent par nous gaver avec le système judiciaire américain (Damages, The Good Wife, Suits) ; séries sympa manquant un peu d’épaisseur (Veronica Mars, Hung) ; excellentes séries plombées par une « saison faible » (Dexter, Homeland) ; séries que je n’ai pas vues (je ne demande qu’à les découvrir, faites votre propre palmarès pour m’aider !). Et au fait, il n’y a que des séries américaines. Aucun championnat de basket-ball dans le monde n’est au niveau de la NBA ; pareil pour les séries, les Américains sont les plus forts, de très, très loin.

 

Treme (4 saisons)

Pas de suspense frénétique, de rebondissements spectaculaires, d’épisodes s’achevant sur d’insoutenables interrogations. Treme, c’est le nom (français) d’un quartier de la Nouvelle-Orléans. La série éponyme raconte, avec la lenteur et la majesté du fleuve Mississipi, la vie de quelques-uns de ses habitants, Blancs et Noirs, dont les destins se croisent et s’entrechoquent, après le passage de l’Ouragan Katrina. L’exploit de Treme est de parvenir, en délaissant toutes les ficelles scénaristiques habituelles, à demeurer puissamment addictive le long de ses quatre saisons. Ou plutôt de ses trois saisons et demie, la quatrième étant une saison raccourcie ; encensée par la critique, la série était sans doute un peu trop atypique pour captiver un nombre de spectateurs suffisant aux Etats-Unis et faire durer le projet. Pourtant, Treme est une expérience unique que je vous conseille fortement. Impossible de ne pas aimer ses personnages, impossible de ne pas rire et souffrir avec eux, impossible de ne pas avoir envie de replonger à chaque épisode dans l’univers de la Nouvelle-Orléans, dans ses couleurs et sa musique. Regardez Treme. Et très vite, dès que vous entendrez le générique, vous serez heureux, et vous aurez envie de danser.

 

Six Feet Under (5 saisons)  

Difficile d’imaginer a priori qu’on puisse bâtir 5 saisons autour de la vie d’une famille d’entrepreneurs de pompes funèbres. Même si aux Etats-Unis, l’embaumement des corps revêt une grande importance (cérémonies avec le cercueil ouvert pour dire au revoir au défunt), le pari semblait risqué. Mais Six Feet Under réalise l’exploit de passionner le spectateur d’un bout à l’autre, grâce à sa profondeur quasi-philosophique, l’humanité de ses personnages et son humour omniprésent. Si Peter Krause trouve là le meilleur rôle de sa carrière, si Michael C. Hall se fait remarquer au point d’être choisi pour plus tard incarner Dexter, si Richard Jenkins (réduit à l’état de fantôme dès le début du premier épisode) et James Cromwell sont parfaits comme toujours, de mon point de vue, les actrices de la série arrachent la vedette aux hommes. Frances Conroy est géniale en mère évaporée, Rachel Griffiths extraordinaire en nympho déjantée, et Lauren Ambrose sublime en ado borderline (comment n’a-t-elle pas fait une carrière de premier plan après ce rôle ?). Ajoutons que la fin de la série est très certainement le point final le plus réussi, le plus magnifique que j’ai eu l’occasion de voir.

 

Friday Night Lights (5 saisons)

Encore un sujet qui au premier abord pourrait n’avoir rien de passionnant (surtout pour des Français). Toute l’histoire s’articule autour de l’équipe de football (américain) du lycée d’une ville du Texas (Dillon, un bled imaginaire). Culs-bénis invétérés (on prie avant les matches de foot et Dieu est censé être du côté de l’équipe des Panthers), ces bouseux du Texas au milieu desquels on peine à découvrir la moindre affinité pour le parti démocrate n’ont rien théoriquement pour engendrer l’identification. Là où Friday Night Lights est phénoménale, c’est que l’humanité des personnages s’avère tellement intense qu’elle crée une formidable empathie et transcende les différences qui peuvent exister entre eux et le spectateur français moyen. Entre tragédies personnelles (handicap, alcoolisme, absence des parents) et galères collectives (pauvreté des moyens consacrés à la santé et à l’éducation, tensions raciales), les protagonistes de la série nous font partager leurs souffrances et leurs espoirs, guidés par un coach certes parfois un peu psychorigide à la sauce texane, mais doté de qualités humaines rares. Et peu à peu, chaque spectateur devient un supporter inconditionnel de son équipe.

 

 

The Wire (5 saisons)

Avec le même créateur (David Simon), rien d’étonnant à ce que The Wire offre des caractéristiques assez proches de celles de Treme en terme d’écriture. Comme dans Treme, la ville, cette fois-ci Baltimore, est un élément central. On retrouve la même profondeur d’analyse en matière socio-politique, la même critique sous-jacente de la société américaine, le même travail très fouillé sur la psychologie des personnages, dont aucun n’est une caricature ou un archétype. On retrouve également le même rythme un peu lent, la même volonté d’esquiver la facilité d’un enchaînement frénétique de pirouettes scénaristiques (classique dans beaucoup de séries) pour mieux se consacrer au fond du sujet. Avec, en toute logique, le même résultat, c’est-à-dire un immense succès critique doublé d’un résultat commercial plus décevant. The Wire est une sorte d’analyse, à travers des enquêtes policières menées par des flics désabusés mais obstinés, de la désagrégation des cités américaines (Baltimore pourrait être remplacée par n’importe quelle mégalopole des USA), colosses impressionnants rongés de l’intérieur par la drogue, la corruption, la désindustrialisation et la misère qui en découle. A noter que d’excellents acteurs de The Wire ont aussi joué dans Treme, pour notre plus grand plaisir (Clarke Peters, Wendell Pierce)

 

 

The Sopranos (6 saisons)

Dur d’être le parrain de la mafia du New-Jersey. C’est ainsi qu’on peut résumer The Sopranos, série culte qui nous fait partager les vicissitudes d’une famille italo-américaine dont le chef Tony (prodigieux James Gandolfini) doit se coltiner non seulement les soucis inhérents à son rôle de pater familias, mais aussi ceux qui arrivent en cascade du clan mafieux auquel il appartient. Tellement de pression qu’il en fait des malaises psychosomatiques et doit consulter une psy !  La plus grande réussite de The Sopranos, c’est de dépeindre à la perfection une galerie de personnages mijotant depuis leur plus tendre enfance dans les codes des truands italo-américains, marqués à la fois par une avidité sans bornes et une propension à recourir à la violence pour n’importe quoi, tout en restant profondément attachants. C’est une qualité constante des bonnes séries de donner cette épaisseur aux personnages. Dans le cas de The Sopranos, le défi était particulièrement relevé, tant les protagonistes font le grand écart entre ce qui fait d’eux des individus ordinaires dans leurs sentiments à l’égard de leurs proches et des êtres retors, cruels et obsédés par l’argent dans leurs rapports « professionnels ». D’autant plus que les proches et les relations d’affaires sont souvent les mêmes… Excellents acteurs, avec une mention spéciale à Nancy Marchand dans le rôle de la mère de Tony.  

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